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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Têtes de femmes & prêtres morts

Le Pacte

le-pacte.jpgUne enquête policière de Alex Kava, Ó Harlequin 2007

 

Maggie O’Dell, profiler du FBI, alors qu’elle est sur une affaire troublante où des femmes sont retrouvées décapitées, est appelée sur Omaha pour appuyer une enquête concernant l’assassinat de plusieurs prêtres, ce qui ravive en elle un cuisant souvenir concernant des meurtres d’enfants qui avaient été victimes de pédophiles. C’était quatre ans plus tôt et, si les autorités de l’époque avaient arrêté deux « coupables », elle demeure persuadée que le véritable auteur de ces forfaits odieux était un prêtre, le père Keller, qui avait réussi à s’échapper. Les mêmes lieux, le même soupçon de pédophilie concernant les victimes, et voilà que le père Keller fait appel à elle : il lui avoue être sur la liste du tueur de prêtres… Ce qu’elle ignore, c’est que dans le même temps, son amie le Dr Gwen Patterson est manipulée par celui qui décapite les femmes…



Il s’agit de la cinquième enquête de ce personnage qui a connu le succès aux Etats-Unis (et, partant, dans le monde entier), depuis Sang froid qui, justement, mettait en scène l’affaire dans laquelle le père Keller et Maggie O’Dell se sont rencontrés, quatre ans auparavant.

 

Alex Kava est une femme, comme son nom ne le laisse pas aisément deviner. Mais le soin qu’elle apporte aux introspections et aux sentiments – au détriment des décors et de l’action – ainsi que le fait qu’on dénombre dans son roman nettement plus de représentantes de la gente féminine que d’ordinaire (et dans toutes les professions concernées) pouvait le laisser penser : l’héroïne, par exemple, a pour meilleure amie une psychologue, Gwen, et travaille régulièrement avec l’inspecteur Julia Racine qui entretient avec elle une relation singulière (on sait qu’elle lui a fait des avances, mais détrompez-vous, on n’est pas non plus dans L World !). De la même façon, à bien regarder la composition des services de police d’Omaha, avec lesquels Maggie va devoir composer, on s’aperçoit que la parité n’est ici pas un vain mot.

 

L’autre élément déterminant pour aborder cet ouvrage est sa structure : un découpage en petits chapitres de 3 à 5 pages, rarement plus et parfois moins, qui nous entraîne dans différents coins des USA, voire ailleurs, sur un rythme enlevé rappelant ceux des grands feuilletons du style des CSI/les Experts. Le décor se plante en quelques lignes, seuls les protagonistes sont importants, leurs réflexions, leurs réactions et leurs paroles. Ce n’est pas lui faire offense que d’affirmer qu’Alex Kava est l’auteur idéal pour la plage et les lectures pré-nocturnes (vous savez, le soir, à moitié assis dans votre lit douillet, alors que vous cherchez le sommeil) : on peut se permettre de lire 2 ou 3 chapitres par jour tout en progressant dans l’intrigue. Certes, au début, la multiplication des lieux et des noms oblige à revenir régulièrement en arrière (« Bon sang, où a-t-on déjà entendu parler de Nick ? Et qui est cette sœur Kate ? »), mais on s’y fait vite.

 

Pour ceux qui n’auraient pas bien saisi les termes du résumé que je me suis proposé de rédiger, je le redis : il y a bien deux enquêtes en parallèle, l’une concernant des têtes de femmes (arrachées au corps !) qu’un tueur machiavélique dissémine un peu partout et sur laquelle on sait que Gwen Patterson cache à la police certains éléments ; l’autre sur ces meurtres de prêtres pour lesquels l’archevêché met les bouchées doubles tout en dissimulant certaines données sensibles. Même si certaines découvertes macabres ne nous sont pas épargnées et qu’on assiste à certains des assassinats, on ne nage pas non plus dans le gore ou le thriller glauque. Le roman n’est pas non plus assez retors pour nous embrouiller l’esprit avec des supputations ne s’achevant qu’à la toute dernière ligne, l’auteur ayant la bonté de nous délivrer l’un des coupables un peu avant la fin, afin que l’intérêt puisse se reporter sur l’autre. En fait, on a tout le temps une impression d’efficacité et de pragmatisme ; ça n’est pas non plus un polar sans âme monté à l’aide d’un traitement de texte et réalisé en série : ses caractères ont une étoffe et des particularités qui les rendent plaisants sans toutefois qu’on en sache beaucoup sur eux – ils sont, là aussi, calibrés sur le modèle des personnages récurrents des séries policières susdites, brossés à coups d’anecdotes et dont la psyché évoluera au fil des épisodes, des rencontres et des événements.

 

Bref, un livre agréable et facile à lire, et qui remplit parfaitement son rôle.

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