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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Un éléphant, ça trompe énormément…

[critique] Un éléphant, ça trompe énormément…

Difficile d'être critique envers ce film qui fait incontestablement, et de manière indélébile, partie de mes préférés : les comédiens sont tous formidables, installant dès les premières secondes une complicité émouvante qui nous attire irrésistiblement.

Yves Robert a cette faculté de les mettre en lumière alternativement (bien que l’ensemble du script soit axé sur les péripéties d’Etienne) voire de proposer plusieurs situations sur différents plans qui ne peuvent fonctionner, c'est-à-dire être intelligiblement perçues, que grâce à la synergie de ses acteurs (Bouly pique une crise, derrière Etienne et Daniel le regardent et commentent pendant qu’au fond Simon téléphone à sa mère). Danièle Delorme, avec son jeu plus théâtral, élégante et un brin maniérée, vient en parfait contrepoint : ses tête-à-tête avec Rochefort/Etienne et surtout Christophe Bourseiller en ado baba amoureux transi sont délicieux. Quant à Marthe Villalonga, elle est adorable (et pourtant, elle n'apparaît que dans peu de séquences : il faut dire qu'elle les phagocyte) ; on ne peut qu’être sidéré par le fait qu’elle n’ait qu’une paire d’années de différence avec Guy Bedos, censé jouer son fils. On sent parfois chez ce dernier un peu d’hésitation, comme s’il avait besoin d’être lancé pour interpréter son personnage : néanmoins, et avec des boutefeux comme Villalonga ou Victor Lanoux (véritablement impressionnant d’aisance), ça passe sans problème.

[critique] Un éléphant, ça trompe énormément…

Bien entendu, en tête de distribution, on ne peut passer sous silence l’inusable Jean Rochefort, dont la distinction et un flegme incontestablement britannique font mouche à tous les coups : il ponctue ses anecdotes de petites remarques subtiles en voix off, proférées d’un ton badin qui accentue encore le comique décalé des scènes.  Il va parfois jusqu'à briser le quatrième mur et nous gratifier de regards-caméra démontrant tout le pathétique des situations scabreuses dans lesquelles il ne cesse de se fourrer. Le mélange entre comédie de situation scandée de gags visuels et journal intime pompeux, très pince-sans-rire (et narré sur un mode volontairement sentencieux, presque pédant) fonctionne à la perfection, conférant à cette comédie un aspect méta très moderne.


Cette histoire - qui est davantage une suite de tranches de vie placées sur le fil rouge de l'aventure d'Etienne s'apprêtant à tromper sa femme - est un pur délice, ciselé par des dialogues de Dabadie et une véritable élégance de mise en scène. Le rythme est peut-être un peu mou par moments, mais ça n'a rien d'une comédie trépidante. Le montage procure çà et là l’impression que certaines histoires n’ont pas été développées (des plans intrigants sur certains des partenaires de Marthe semblent annoncer des épisodes préliminaires au prochain film). La nostalgie joue à fond, désormais, même si je ne le trouve toujours pas démodé. C'est juste qu’on est devant un genre qui ne se fait plus vraiment : aujourd'hui, on a l'impression que pour faire rire, il faut que les ficelles soient grosses. Pourtant, à la base, le scénario est un vaudeville, mais il ne vire jamais à la farce. Il se rapproche plutôt des comédies britanniques qui, sous des dehors légers, abordent de vrais problèmes de fond et misent l’essentiel sur le charisme et la connivence des acteurs.

Et on ne peut que goûter pleinement à la partition signée Vladimir Cosma dont les thèmes continuent d’être repris régulièrement.

[critique] Un éléphant, ça trompe énormément…

Pour le prix d'un DVD collector, on a dans ce coffret deux excellentes comédies

d'Yves Robert avec en outre un 3e disque contenant une présentation des personnages.

L'image remastérisée est en 16/9 : les couleurs sont respectées (je commençais à connaître le film par cœur pour pouvoir affirmer que le rouge du costume Renoma de Rochefort est juste comme il faut), les plans très bien nettoyés ; ne subsistent que quelques infimes drops et des rayures très atténuées (c'est presque miraculeux). L'ensemble est très bien défini, même dans les moments obscurs (la chute du verre d'eau quand Etienne téléphone en pleine nuit à sa femme est tout à fait lisible).

Titre original

Un éléphant, ça trompe énomément

Date de sortie en salles

22 septembre 1976 avec Gaumont

Date de sortie en vidéo

15 décembre 2013 avec Gaumont

Photographie

René Mathelin

Musique

Vladimir Cosma

Support & durée

DVD collector Studio Canal (2005) en 1.65 :1 / 100 min

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S
Idem, il est charmant et indémodable.
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H
J'adore ce film, je m'en lasse pas
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