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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

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Un film documentaire réalisé par Yann Arthus-Bertrand (2009).


Résumé AllôCiné : En 200 000 ans d'existence, l'homme a rompu l'équilibre sur lequel la Terre vivait depuis 4 milliards d'années. Réchauffement climatique, épuisement des ressources, extinction des espèces : l'homme a mis en péril sa propre demeure. Mais il est trop tard pour être pessimiste : il reste à peine dix ans à l'humanité pour inverser la tendance, prendre conscience de son exploitation démesurée des richesses de la Terre, et changer son mode de consommation.

 

« Trop tard pour être pessimiste. » Phrase répétée tant dans le film que dans les interviews préalables et l’émission spéciale qui a succédé à sa diffusion sur France 2, tandis qu’il était projeté devant près de 25000 personnes au Champ de Mars sur un écran géant ainsi que dans une cinquantaine de pays et qu’on pouvait le trouver en DVD à 5€ à la même date – et en téléchargement légal et gratuit sur les plateformes ad hoc.

On connaît l’auteur. Ses images de la Terre vue du ciel ont fait le tour du monde et agrémentent avec plus ou moins de bonheur et de cohérence les murs et couloirs de nombreuses écoles de France grâce à un partenariat avec l’Education Nationale. Ce photographe esthète savait depuis longtemps magnifier ses prises de vues en bénéficiant d’une technologie de pointe associée à la volonté de prendre du recul… vers le haut. D’un avion, d’un hélico ou d’un dirigeable, notre planète est d’une beauté à couper le souffle. Il suffit d’une vraie science du cadrage et d’un travail aigu sur les couleurs pour donner à chaque photo l’allure d’une carte postale idéale.

C’est principalement ce qui plaît et dérange à la fois dans ce manifeste destiné avant tout à réveiller les consciences – sans chercher à fustiger, ce qui est tout à son honneur – en insistant sur des constats tous plus ou moins connus mais illustrés ici d’une manière moins orthodoxe. S’inspirant ouvertement des avertissements scandés dans le multirécompensé Une vérité qui dérange, Home rappelle aussi parfois des séquences issues du très beau Un jour sur Terre. Mais là où ce dernier multipliait les angles et ne dédaignait pas les gros plans des espèces en danger, le film d’Arthus-Bertrand demeure presque exclusivement en altitude, prenant une hauteur qui donne à réfléchir. D’en haut, tout est plus beau, et pourtant tout va si mal.

Le film est une succession de plans léchés souvent sublimes, filmés la plupart du temps d’un hélicoptère auquel a été adjoint un système de prises de vue gyroscopique dérivé d’un matériel militaire qui permettait à l’origine de suivre le cheminement d’un missile. Cela donne une stabilité confondante aux travellings et panoramiques et on obtient une curieuse distorsion assez agréable à l’œil lorsque l’appareil s’élève et que l’on zoome arrière. Ajoutez à cela quelques animations (notamment sur la fonte de la banquise et sur le développement de Dubai) et vous obtenez un véritable catalogue d’images extraordinaires.

Pourtant le film ne dédaigne pas explorer la misère consécutive à la déforestation massive, au gaspillage des ressources et à l’exploitation inique et déséquilibrée de certains gisements : mais même les plans de ces individus parcourant des montagnes d’immondices sont sublimés par l’éclairage et le cadrage recherchés. L’auteur lui-même reconnaissait sur le plateau avoir sacrifié à ses vieux réflexes d’esthète lorsqu’on lui faisait remarquer que la pollution et les désastres demeuraient beaux filmés par lui.

Du coup, tout en se sentant immédiatement concernés, on a du mal à vibrer pour ces phénomènes, d’autant que la voix off, où l’émotion perce, reste parfois trop vague sur ce qui se déroule à l’image et énonce très vite, passée une introduction sur la manière dont la Terre s’est formée à la vie, des chiffres qui donnent le tournis. La génération à venir a de quoi se faire des soucis, et la préparation de l’après-protocole de Kyoto (en décembre à Copenhague) sera définitivement décisive pour l’avenir de notre foyer planétaire.

En attendant, avec une sobriété de bon aloi, les commentaires évoquent les conséquences de la recherche incessante et irrationnelle de sources d’énergie pour alimenter une faible partie de l’Humanité, alors que la plupart des hommes se contentent d’un minimum qui effraierait le plus ascétique des Occidentaux. Et ce n’est pas tant les monstrueux rejets polluants des exploitations pétrolières canadiennes que la multiplication de ces rivières glacières au Groënland signifiant une fonte prématurée de ses glaciers recelant 20% de l’eau douce du monde, ou la révélation de cette « bombe climatique » enfouie sous le permafrost sibérien sous la forme de millions de m3 de méthane qui frappent l’esprit. Malgré l’excessive fluidité et beauté des images, on ne peut qu’être convaincus de l’urgence de la situation – et de l’exquise splendeur de notre berceau terrestre. Des images trop belles mais une intention salutaire, un discours sans vraie révélation mais qui a le mérite de mettre à plat tous les avertissements lancés par les spécialistes depuis les années 1950, pour le plus grand bonheur du président de la WWF, de l’éminent professeur Jean Jouzel (co-lauréat du Prix Nobel de la Paix 2007 et vice-président du GIEC) ou même la délicieuse Maud Fontenoy devenue ambassadrice des Océans pour l’Unesco.

Il n’est pas question ici de critiquer la démarche. Sur la forme, je lui préfère de loin un chef-d’œuvre comme Koyaanisqatsi, moins pamphlétaire mais dont l’esthétique sert le récit sans être alourdi par une voix-off. La grande différence, c’est que Home se veut documentaire, ce qui explique que les commentaires soient moins empreints de cette poésie et ce lyrisme factices qu’on pouvait reprocher à Un jour sur Terre.

 

Il n’est plus temps de se plaindre, un avenir sombre est à nos portes : il faut à présent réagir, concrètement et conjointement. Sur les traces d’Al Gore, Yann Arthus-Bertrand n’a pas raté son coup et déclare, serein :

J'aimerais que ce film devienne aussi votre film. Partagez-le. Et agissez.

 

Ma note : 3,5/5

 

Merci à Nico de m’avoir sensibilisé le premier à ce film qu’il désirait être le point de départ d’une réflexion sur la Nature au Cinéma.

 

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H
Même si la forme est contestable, le fond est indéniable.Un beau film selon moi, avec des images splendides.
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J
Ben moi j'ai bien aimé, les images, les commentaires et surtout le débat, même si Yves Calvi me gonfle en coupant la parole tout le temps. Oui la Terre est très belle et oui nous la détruisons, qu'importe les coupables, nous devons agir pour la sauver, pour nous sauver. Pour moi la phrase très importante a été justement celle de Yann Arthus Bertrand : l'heure n'est pas au pessimisme. Il faut arrêter de se leurrer et de se voiler la face. Aucun d'entre nous ne reviendrait en arrière et refuserait le confort que l'on a aujourd'hui. Il n'y a qu'à regarder demain matin en allant au boulot, le nombre d'automobiliste qui est seul dans sa voiture. L'essence coûte cher et pourtant on ne covoiture pas. Je ne tiens pas à donner de leçon de morale ici, de toute façon ça ne servirait à rien. Mais bon Dieu, comment réagirons-nous quand nous serons privés d'eau potable, quand la canicule nous étouffera en été, quand l'air deviendra irrespirable ? Et bien, nous mourrons comme des cons avec nos enfants et petits-enfants qu'on n'aura même pas eu la chance de voir grandir. Pour moi, ce film n'était pas une leçon de morale, c'était une information sur la catastrophe qui est à notre porte. Le fait justement qu'il soit ouvert et offert à tous dans beaucoup de pays est selon moi le plus important. On doit être solidaires parce qu'on est tous concernés. Quand on voit les touaregs privés d'eau à cause des arrosages pour les cultures dans le désert (et oui les gars les fraises et autres produits que nous mangeons), ça me dégoûte. Oui il y aura une guerre à cause de l'eau, oui il y aura des migrations pour fuir les inondations. C'est facile de dire qu'on n'y peut rien parce qu'on est loin pour l'instant de ce phénomène et qu'on se sent en sécurité en France, mais et les autres ??? Non, je ne peux pas rester insensible à tout cela et oui je coupe l'eau quand je me brosse les dents, oui je chauffe peu en hiver, ce sont des petits gestes qui ne demandent rien et même si ça sert à rien, je le fais pour tout ceux qui n'ont rien. Le gaspillage me révolte, beaucoup de gens ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont et ça m'énerve. A nouveau Yann Arthus Bertrand a raison, on consomme trop et on veut tout sans se soucier des gaspillages que cela nécessite.Justement ce qui était intéressant c'était le débat qui nous montrait comme le dit Neault que tous nos petits gestes sont si peu, que le fléau doit être pris de bien plus haut. Le méthane que dégage les bovins a été visé comme le plus grand responsable et non pas les transports. L'eau potable qu'on laisse couler n'est pas grave car elle ne se renouvelle pas mais pour autant devons-nous la gâcher parce qu'on est des petits riches et que le bruit de l'eau nous détend ???? Non mais, un petit peu d'effort.Moi aussi, je me sens toute petite et je sais que seuls les grandes puissances et les politiques peuvent vraiment avoir un impact sur l'environnement, tout le monde le sait mais les politiques s'en moquent parce qu'eux aussi ne se sentent pas concernés. Du moment qu'ils dînent dans les grands restaurants où on leur sert de la nourriture de toutes origines et de grand luxe, du moment qu'ils ont leur petit jet privé pour voyager, leur appart de 200 m² chauffé à donf pour leur petit confort perso, pourquoi se soucier de la populasse ? Et bien je réponds que c'est la populasse qui doit leur montrer que c'est ce que nous voulons. C'est trop facile de dire : de toute façon ce que je fais ne sert à rien alors je gaspille et je m'en fous.C'est au politique maintenant de faire un gros effort et d'arrêter de voir toujours le profit. Il y a des solutions qui ont été proposées et qui sont faisables, les panneaux solaires dans les déserts, les éoliennes dans les océans, les serpents de mer qui réagissent aux vagues pour fournir de l'électricité, les moteurs à eau connus depuis longtemps, moins de viande pour moins de méthane... L'information est passée, des solutions existent c'est aux grands chefs de montrer à quel point ils ont envie de nous sauver mais c'est aussi à nous de nous battre pour que cela existe... Je sais que je ne suis rien mais je fais le minimum parce que je me sens concernée, ça ne me coûte rien et bien au contraire ça me fait faire des économies alors pourquoi arrêter ?
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V
Euh, pour la baston, je cherche encore... Même pas un Yamakasi !
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B
et y a des plans baston montés n'importe comment ? Non parce que bon produit par Besson j'ai du mal moi... :)
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V
Neault : ouais, je comprends un peu ton cynisme. L'émission qui a suivi était d'ailleurs un peu orientée sur ce point, avec notamment cette dame qui demandait qu'on ne stigmatise pas le comportement des pays émergents qui, au fond, ne faisaient que tenter de copier le modèle des pays occidentaux. En gros, c'est un peu facile de dire à la Chine d'arrêter de polluer et de construire des centrales thermiques au charbon alors qu'on n'a fait que ça il y a une centaine d'années. En revanche, l'entraide et la coopération sont de mise. Savais-tu que dans les années 60 un Philippin avait mis au point un moteur qui fonctionnait à la vapeur d'eau. Son brevet a été acheté par une grande compagnie et on n'en a plus entendu parler. D'autre part, j'ai particulièrement apprécié l'honnêteté de cet autre spécialiste qui répondait que l'impact d'un changement radical de comportement vis-à-vis de la consommation d'eau (par exemple, réduire de 10L par personne) serait nul dans sa globalité, tout simplement parce que l'eau douce n'est pas transportable ; en fait, cet impact ne serait que localisé. Mais le changement de comportement ne passera que par un changement de politique. Ce qui m'a fait rire c'est quand Arthus-Bertrand, qui a humblement reconnu son erreur d'avoir voulu rester esthète, a évoqué les gaspillages d'énergie, citant le plateau même où il était invité illuminé de nombreux spots et pourvu de dizaines d'écrans allumés... Derrière lui, on voyait la foule sur le Champ de Mars et la Tour Eiffel illuminée. Demandé à tout un chacun de faire des efforts est immoral quand ceux qui gouvernent n'en font aucun.
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V
Niko : non, je ne savais pas qu'il y avait une différence. L'auteur n'en a pas parlé.
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N
Ouais je comprend, tout du moins le début (quoique le passage sur l'eau et l'électricité tu te trompes). Mais alors vraiment vraiment je ne peux cautionner la fin de ton texte. 
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N
Home. Ou la propagande écolo imposée au plus grand nombre, sur la Terre comme au Ciel. Amen !L'on a presque envie de leur embrasser le cul à ces Papes du Mensonge, histoire d'avoir les lèvres plus saines.Complexer le gros con moyen est devenu la défausse des très gros joueurs qui n'ont pas envie de tempérer leur jeu. Un exemple ? Alors que l'on nous balance des primes pour des bagnoles "propres" et que les propriétaires de 4x4 se font crever les pneus par des branleurs, des gens comme Claude Allègre modèrent certaines causes par un réalisme qui semble indispensable mais qui passe mal dans les media. Si demain, l'ensemble des français se débarrassait de leurs véhicules, l'impact sur l'environnement et notamment la météo serait de... zéro. Nada. Néant. Remballez vos bonne idées de bobos, y'a rien à voir !Arrêter l'eau lorsque l'on se lave les dents, éteindre la lumière dans une pièce quand on la quitte... pourquoi pas arrêter de sourire quand personne ne regarde ! On a l'impression que le citoyen moyen doit être automatiquement un coupable ou un salopard en sursis. Les solutions sont pourtant évidentes mais ne passent guère par le comportement quotidien. Un exemple tout simple, les constructeurs automobiles sont en mesure de fournir des moteurs bridés à 130 km/h (la limite de vitesse en France) qui consommeraient 2 litres au 100 km. Soit environ un gain de 1500 km pour la même consommation de carburant. Comment demander au bas peuple de s'éclairer à la bougie quand les entreprises vous taillent des pipes avec des guirlandes jusqu'aux couilles ? On se trompe de cible.Et même philosophiquement... qui dit que nous n'avons pas intérêt à aller jusqu'au bout de cet immense gâchis ?Einstein a dit qu'il ne savait pas avec quelles armes se ferait la troisième guerre mondiale mais que la quatrième se ferait avec des pierres et des bâtons. Je ne suis pas contre l'idée de ce côté rustique. Avant de vouloir sauver à tout prix un tas de merde, il serait peut-être bon de faire renaître l'espoir.Personne, dans l'Histoire, n'a jamais fait de miracle en proclamant vouloir juste sauver les meubles. Nos héros sont pathétiques. Ou plutôt, nos media sont misérables.Il est des maisons qui méritent de brûler.
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N
quelqu'un sait les différences entre la version TV/DVD et celle sortie au ciné? A priori y'a 1/2h de différence...
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N
J'ai bien entendu, en tant qu'écologue (enfin presque ;) ) regardé ce film que j'attendais avec impatience et je rejoins Vance: le propos intelligent n'est pas bien cohérent avec les sublimes plans en hélicos. Il ne fait que survoler le film, dans tous les sens. Le principe est bon, la démarche par contre c'est vraiment pas la bonne je pense et vraiment, il ne se différencie pas d'autres documentaires .... Regardez le film d'Al Gore, d'une intelligence rare. 5/5 pour les magnifiques pays, 3,5/5 pour l'impact sur les spectateurs qui auront acheté le bluray pour son prix et ses sublimes vues aériennes ....  
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