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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Batman begins

[critique] Batman begins

Critique vidéo, par Vance

Dès le début, ce film a commis ce qui aurait pu être l'irréparable : trop de référents, des rappels, des redites et surtout un verbiage à vocation pédagogique mais inutile, avec ces discours pompeux, idéalistes et fortement descriptifs, comme si l'auditoire avait besoin d'être sur une piste bien balisée avec quelqu'un qui lui dirait de temps en temps où il en est – ceux qui me lisent régulièrement savent combien je peux être réfractaire à ces figures imposées qui en disent long sur la vision qu’ont des spectateurs certains producteurs démagogues. Ce qui me fait irrémédiablement penser à la phrase de Salieri qui expliquait à Mozart, dans le chef-d’oeuvre de Milos Forman :

You know you didn't even give them a good bang at the end of songs, to let them know when to clap ?

Amadeux, Milos Forman

[critique] Batman begins

Ce travers me fait irrémédiablement penser à X-Men, the movie, dans lequel quelques commentaires malheureux du professeur Xavier venaient également plomber le rythme et mettre à mal mon enthousiasme pour une franchise qui s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices.


C’est, néanmoins, loin d'être insupportable - et encore moins, à la longue, si l’on se place dans la perspective de la trilogie du Chevalier noir au cinéma. Car Nolan (le déjà élégant réalisateur du Prestige) filme avec une grande maîtrise et ses double flashbacks sont admirablement bien amenés, sans outrance, sans effet de manche. Passées les premières trente minutes d’exposition où il faut bien s'habituer à quelques dialogues un peu creux (mais sans doute nécessaires au spectateur moyen) ainsi qu’à un doublage misérable collant très mal au mouvement des lèvres - et, pour une fois chez les Français, avec un choix de voix douteux - on commence à se plonger, s'immerger dans un univers d'une cohérence absolue, moins visuel que les opus précédents (ceux de Burton comme ceux de Schumacher), mais à l'ambiance lourde et malsaine née de l'opposition caractérisée entre les deux facettes de la ville de Gotham (présentée à un moment comme la plus grande ville du monde – ce qui revient à dire que le champ d’action spécifique de Batman est supérieur à celui de Superman qui opère à Metropolis) et de personnages plus ambigus qu'ils n’en avaient l'air a priori. Tous les visionnages ultérieurs montrent l’incontestable supériorité du choix de la VO.

[critique] Batman begins

Ne nous appesantissons pas sur l'interprétation, même si l’on peut légitimement remarquer les états d'âme de Christian Bale aux traits plus malléables que prévus (et à la carrure autrement plus imposante que dans le Machiniste où on ne pouvait s’empêcher de craindre pour son état de santé) ainsi que l'élégance naturelle de Morgan Freeman, décidément toujours impeccable - et même trop classe pour être honnête, il illumine chacune de ses apparitions avec cette prestance incomparable. La demoiselle Holmes campe un personnage intéressant mais trop fade sans être pour autant potiche : quand elle aura fini de minauder (un défaut valable pour beaucoup de ses camarades de classe), elle saura nous montrer un jeu plus fin encore, proportionnel à la richesse intrinsèque de Rachel). Michael Caine illustre avec un rare bonheur un valet/maître d'hôtel/nounou/confident très humain, doté d'une force de caractère peu commune et fidèle à des principes profondément ancrés, dissimulant des douleurs au moins aussi profondes que celles de Bruce Wayne. Sans doute le caractère le plus subtil du casting, sorte de clef de voûte spirituelle d'un script moins superficiel que prévu, jamais exempt de bons mots ou de clins d'œil.

[critique] Batman begins

A partir de là, pour peu qu'on se laisse emporter (et croyez-moi, même avec toutes les réticences formulées, il est difficile d'y résister), le spectacle est grand, admirablement servi par un montage malin et fluide, pas trop tape-à-l’œil quoiqu’au détriment des scènes de combat rapproché, cadrées souvent serré et inintelligibles (c'est d'autant plus frustrant que la bande-son est très riche). Certains effets faciles (le très attendu plan du Batman sur un piton d'immeuble avec la caméra qui tourne autour est tout de même splendide) n'entachent pas le plaisir qu'on prend à ce film d'aventures centré sur quelques personnages-clefs. Le sentiment de déjà-vu demeure présent, mais permet alors de goûter avec délices aux joies de l'anticipation et d'admirer la mise en place des éléments prévisibles. Ca marche. Rétrospectivement, ça fonctionne même plutôt bien en tant que mise en place progressive d'un drame oppressant dont la conclusion dépasse le cadre de la vengeance, la rédemption ou le désir de Justice. Enchaîner Batman begins avec the Dark Knight devient même nécessaire, afin de conserver intactes certaines impressions naissantes.

[critique] Batman begins

Batman est en outre ici – mais c’est un point de vue personnel - nettement plus conforme à la vision qu’on pouvait en avoir pour peu qu’on ait lu tout ou partie de la série en comic-books : tout simplement le meilleur dans sa partie (en dehors de Wolverine, bien entendu). Il est élégant, dégage un vrai sentiment de puissance et de respect ; le choix des gadgets et des parties de son costume est totalement adéquat. En outre, il sait se battre comme jamais auparavant au cinéma (on n’a plus le Batman boxeur de Keaton, avec son côté "rentre-dedans" apprécié par certains, mais qui détonnait pour un individu censé être passé maître dans la plupart des arts martiaux). Quant à la Batmobile, elle est simplement jubilatoire, tant pour les acteurs qui se retrouvent à son volant/ses manettes que pour les spectateurs qui n'auront pas volé les euros qu'ils auront déboursé pour la séance ou le blu-ray dont la piste audio en HD-Master Audio permet de développer des basses cataclysmiques (l’édition UHD 4K permet d’ailleurs de réparer l’oubli pour les fervents amateurs de VF en y incluant une version également HD).

Comme toujours avec Nolan et son chef opérateur Wally Pfister, les décors sont abondamment soignées, méticuleusement cadrés. L'édition Ultra HD toute récente peut légitimement frustrer ceux et celles qui voulaient y voir un gain inouï en définition et contraste : en dehors des premiers travellings sur Gotham en plein jour (la profondeur de champ révélée est assez hallucinante), seuls les très gros plans et les scènes nocturnes offrent un rendu visiblement supérieur au blu-ray. Le duel sur la glace entre Wayne et son mentor ne propose pas l'ébahissement espéré, mais permet tout de même de démontrer l'exceptionnelle qualité de l'encodage.

[critique] Batman begins

Plaisant, c'est le mot, avec des recettes éprouvées, jamais révolutionnaires mais toujours à bon escient. Ceci dit, le finale manque de grandeur, le grand méchant de service manque un peu de charisme et de cette aura de malignité qu'on pouvait déceler chez son subalterne (il est nécessaire de souligner l'importance du personnage de l'Epouvantail dont l'avatar humain dispose d'un magnétisme particulier – interprété par un Cillian Murphy énigmatique et ambivalent à souhait, tout le contraire du maffieux Falcone beaucoup trop caricatural).

 

Un scénario loin d'être simpliste, mais demeurant facile d'accès. Une

bande-son qui ravira les amateurs de basses, surtout vers la fin du film. La musique, en revanche, n’est pas franchement emballante et ne dispose pas de thèmes marquants, mais elle aura joué son rôle : permettre au spectateur de plonger tête la première dans les bas-fonds de cette ville où règnent vice et corruption, à la suite d'un être sombre, d'un rédempteur masqué, avide de Justice et/ou de vengeance.

Titre original

Batman begins  

Date de sortie en salles

15 juin 2005 avec Warner Bros.

Date de sortie en vidéo

11 janvier 2006 avec Warner Bros.

Photographie

Wally Pfister

Musique

Hans Zimmer & James Newton Howard

Support & durée

Blu-ray Ultra HD 4K Warner (2017) region All en 2.40:1 / 139 min

Critique vidéo, par Jennifer

Le renouveau ! Le retour aux sources ! Le "vrai" Batman !

Voilà ce que Christopher Nolan, le troisième réalisateur de la franchise cinéma, a apporté. On lui doit Following, Memento, the Prestige et les trois derniers Batman - selon moi les meilleurs : Batman Begins (2005), the Dark Knight et sa suite, the Dark Knight rises. Un merci tout d’abord pour Batman Begins, j’étais bien contente de découvrir enfin les origines de Batman. Pourquoi une chauve-souris, où a-t-il appris à se battre, bref pourquoi Batman !!!! Et là c’était génial ! Décortiquer son passé, partager sa tristesse, combattre à ses côtés et le COMPRENDRE, enfin !!!!!!!!!!! Et oui, je l’avoue je n’avais jamais lu les comics et du coup toutes ces questions me trottaient dans la tête et je n’avais pas envie de dépenser des fortunes en achetant les BD pour y trouver des réponses. Je compte d’ailleurs sur mes collègues blogueurs pour éventuellement y faire un parallèle et du coup une toute autre approche. Peut-être d’ailleurs que les deux Schumacher ont mis en scène à la lettre (et au mot près) les comics… Je ne sais pas.

Revenons à Batman Begins. Tout d’abord Christian Bale est celui qui représente le mieux Batman à mon sens, il est bien fait (et oui, c’est un fait), il est séduisant (et oui c’est encore un fait), il se bat bien (encore et oui) et il a ce côté mystérieux, contracté qu’avait déjà Keaton. Gotham City est à nouveau plongée dans une atmosphère plus sombre même si elle est moins effrayante que celle de Burton, il y a d’ailleurs davantage de plans tournés en plein jour. Sûrement a-t-il rallié ceux qui fuient ces univers dérangeants burtoniens. Alfred (Michael Caine) est toujours aussi british mais il a un peu plus d’humour et semble plus heureux, moins coincé.

[critique] Batman begins

Tout commence par l’enfance de Bruce Wayne et la culpabilité qu’il éprouve face aux meurtres de ses parents. Cette scène s’oppose d’ailleurs à celle de Batman, puisqu’ici ils sortent durant le spectacle à la demande de Bruce (effrayé par ses souvenirs de chauve-souris s’envolant autour de lui dans le puits où il était tombé) en empruntant une porte dérobée dans une rue étroite et peu fréquentée. Cette scène est importante, elle explique davantage le mal être de Bruce et les raisons qui le poussent à combattre le crime et à sauver la population de Gotham City. S’ensuit son exil en Asie, sans aide, sans argent et anonymement, il y apprend la pauvreté et le crime afin de connaître ses ennemis. Son parcours initiatique l’amène en prison chinoise où après un combat contre cinq adversaires, il sera recruté par Henri Ducard (Liam Neeson) qui le sortira de cette prison pour l’intégrer dans la Ligue des Ombres dirigée par  Ra’s Al Ghul (Ken Watanabe) dont l’activité est de traquer les criminels. Il y apprendra les arts ninjas aux côtés de Ducard, son maître d’armes. Malgré sa soif de vengeance, il garde en mémoire cette notion de justice. Elle le poussera à refuser d’exécuter un prisonnier à la demande de Ra’s Al Ghul. La ligue lui révèle alors ses véritables intentions : détruire la ville de Gotham City considérée comme un symbole du crime. Bruce n’a alors d’autre choix que de se battre en duel contre Ra’s Al Ghul. Le temple tout entier subira les conséquences de cette lutte lors d’un incendie dévastateur mais Bruce sauvera tout de même Henri Ducard de justesse.

[critique] Batman begins

De retour à Gotham City, rien ne va plus. La ville est sous l’emprise de gangs et de mafieux comme Carmine Falcone (Tom Wilkinson). Il utilise le psychologue de l’asile d’Arkham le Dr Jonathan Crane (Cillian Murphy) pour faire interner pour folie ses hommes de main et ainsi les libérer plus facilement de l’asile, au grand dam de l’assistante du procureur Carl Finch (Larry Holden) : Rachel Dawes (Katie Holmes), amie d’enfance de Bruce. La corruption règne y compris dans la police à l’exception du sergent James Gordon (Gary Oldman). De plus, les entreprises Wayne dirigées par William Earle (Rutger Hauer) souffrent d’une gestion opaque si bien que Bruce s’y investira à nouveau. C’est là qu’il fera la connaissance de Lucius Fox (Morgan Freeman) responsable du pôle scientifique, le père de nombreuses inventions. Fox prendra par la suite la relève d’Alfred et confectionnera les gadgets et costumes de Batman. Cela devient tout de suite plus crédible d’ailleurs, j’ai toujours été sceptique face aux capacités d’Alfred à inventer et fabriquer tout cet univers de combat.

Rachel Dawes ne comprend pas l’attitude de Bruce s’affichant dans les soirées mondaines avec plusieurs femmes. Une idylle semble naître entre eux, mais Rachel reste en retrait, perturbée par les agissements de Bruce alors que celui-ci n’a d’autres choix que de poursuivre son stratagème pour brouiller les pistes sur ses activités nocturnes. Elle est aussi persuadée que le Dr Jonathan Crane est corrompu et pousse ses investigations. Ses enquêtes se révèlent  être dangereuses puisque le Dr Crane décide alors de devenir l’Epouvantail. Protégé par un masque, il utilise son gaz-peur (testé sur les prisonniers d’Arkham) à l’origine de phobies hallucinogènes qui paralysent d'effroi ceux qui l’inhalent. Avec l’aide de Lucius Fox, Batman réussit à synthétiser l’antidote et vole au secours de Rachel prisonnière de l’Epouvantail à Arkham. Batman la sauve et l’emmène chez Jim Gordon afin qu’elle lui révèle toutes ses informations. Protégé par l’antidote, il capture l’Epouvantail qui sous l’effet de son propre poison livre alors son secret : son complice est Ra’s Al Ghul, il veut plonger les habitants de Gotham City dans la terreur et ainsi détruire la ville. Mais ce dernier est censé être mort dans l’incendie du temple. Lors de sa soirée d’anniversaire Bruce retrouvera Henri Ducard qui a en fait repris le flambeau de Ra’s Al Ghul. Au terme de l’affrontement entre Bruce et Ducard, le manoir Wayne est totalement détruit par les flammes. Une course poursuite entre Batman et Ducard va alors nous tenir en haleine jusqu’à la fin du film. Ducard menace d’éliminer toute l’eau de Gotham grâce à « son canon micro-ondes » afin de faire agir le poison dilué dans les réserves d’eau par Crane. Batman interviendra heureusement à temps pour l’en empêcher.

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